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Le Japon de l’après Seconde Guerre mondiale : l’émergence d’un géant économique

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En 1945, le Japon est en ruines. Les bombardements aériens ont ravagé les grandes villes, les ports, routes et voies ferrées qui sont en grande partie anéantis. Le traumatisme qui fait suite aux bombardements de Hiroshima et Nagasaki est encore bien présent. Les Américains, qui occupent le pays jusqu’en 1952, imposent dès 1946 la décartellisation de l’économie japonaise. Mais les débuts de la Guerre Froide liées à la poussée des Communistes en Chine amenèrent rapidement les États-Unis à souhaiter le relèvement de l’économie nippone…

Le JETRO, en charge de soutenir le commerce extérieur japonais à partir de 1951
Le JETRO, en charge de soutenir le commerce extérieur japonais à partir de 1951

Durant l’après-guerre, le Japon bénéficie tout d’abord de facteurs économiques externes favorables. Ainsi, fin 1948, une commission présidée par le banquier américain Joseph Dodge offrit au Japon d’annuler ses dettes de guerre pour l’aider à assainir ses finances publiques et à se reconstruire au plus vite. Adopté en 1949, le plan Dodge permit de stabiliser le Yen à un taux de change sous-évalué par rapport au dollar et de contenir l’inflation, tandis que la décartellisation fut stoppée. De grandes firmes se reforment alors dès les années 1950 sous forme conglomérale. Soit héritiers des « zaibatsu », comme Sumitomo ou Mitsubishi, soit formés autour d’une banque comme Fuji, ces conglomérats, qualifiés désormais de « keiretsu », furent alors formés de sociétés aux activités très diverses, juridiquement indépendantes mais liées par des participations croisées. Surtout, à partir de 1950, la guerre de Corée donna un coup de fouet à l’économie japonaise grâce aux commandes de l’armée américaine. A cet égard, la Guerre Froide fut pour le Japon une aubaine : il profita de ce conflit latent tout en n’ayant que très peu de dépense militaire à assumer.

Une croissance économique remarquable

D’autre part, des facteurs politico-économiques internes favorisèrent également la croissance japonaise. L’intervention de l’État fut notamment un élément clé du « miracle japonais ». Le Ministry of International Trade and Industry (MITI), créé en 1949, initia la stratégie dite du « vol d’oies sauvages », impulsant d’abord le développement de l’industrie lourde (sidérurgie, métallurgie, pétrochimie…) puis, dans les années 1960, une industrie davantage spécialisée (automobile, électronique…). La création du Japan External Trade Organization (JETRO), en 1951, permit également de soutenir les exportations nippones via la collecte d’informations auprès des ambassades. Par ailleurs, l’Etat intervenait en étroite concertation avec un patronat organisé dans le cadre du « Keidanren », un syndicat patronal créé en 1946. Du reste, la stabilité politique favorisait cette concertation : le parti libéral-démocrate « Jimintô », formé en 1955, fut constamment au pouvoir pendant la « Haute Croissance ». Enfin, même si la « loi de protection eugénique » de 1948 freina l’accroissement naturel du Japon, la population nipponne constituait un vaste réservoir de travailleurs que leurs mentalités et leurs traditions portaient à être dociles et dévoués à leur entreprise.

Au final, parti d’assez bas en 1950, le PNB du Japon a, vers 1970, plus que doublé sa part de PIB dans l’économie mondiale (de 3,0% en 1950 à 7,7% en 1973). Entre 1965 et 1970, le « Boom Izanagi » permet au Japon de voir son économie croître au rythme effréné de 11,5% par an : dès 1968, le pays parvient au deuxième rang de l’économie mondiale, place qu’il conserve jusqu’en 2010. Le Japon est alors au premier rang pour la construction navale, la production de motos, d’appareils photo, de transistors et au deuxième rang pour les automobiles.

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